L’Art Brut, salutaire défi à la normalité
En ouvrant la porte du 1, rue Beau Séjour à Montpellier, je m’attendais à tout sauf… à ce que j’ai découvert : d’incroyables œuvres, accumulées là par Fernand Michel (1913-1999), un artiste-collectionneur surnommé « l’artiste-zingueur » pour avoir expérimenté des techniques artistiques sur le zinc, son matériau fétiche. Plus de 750 créations réunies et présentées sur 800 m², dans le Musée d’Art Brut de Montpellier, ouvert en 2006 dans les locaux de l’ancienne propriété de Fernand Michel.
D’incroyables œuvres ? Singulières… Bizarres… Insolites… Surprenantes… Qu’ajouter ? Que dire de l’Art Brut quand on y est confronté(e) ? J’en ai cherché une définition aussi proche que possible des réalités, tout au moins de mon ressenti. C’est Jean Dubuffet, peintre, sculpteur et plasticien français, qui me l’a fournie, ayant été le premier théoricien d’un style d’art auquel il a donné le nom d’« art brut », des productions de marginaux ou de malades mentaux : peintures, sculptures, calligraphies, dont il reconnaît s’être lui-même largement inspiré.
Les œuvres d’Art Brut sont réalisées par des créateurs autodidactes, des marginaux retranchés dans une position d’esprit rebelle ou imperméables
aux normes et valeurs collectives, qui créent sans se préoccuper ni de la critique du public ni du regard d’autrui. Sans besoin de reconnaissance ni d’approbation, ils conçoivent un univers à leur propre usage. Leurs travaux, réalisés à l’aide de moyens et de matériaux généralement inédits, sont indemnes d’influences issues de la tradition artistique et mettent en application des modes de figuration singuliers.
Dixit Jean Dubuffet : « Nous entendons par là [Art Brut] des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistiques, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écritures, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe».
Le contenu du musée de Montpellier m’a vraiment épaté et j’en conserve un souvenir aussi singulier que les œuvres qu’il héberge. Il me faut, ici, deux galeries de photographies pour en témoigner.
Plaisirs publics, des spectacles de la montagne
Ici et là, au gré des affiches et des couleurs musicales, théâtrales ou poétiques, plutôt en été, les photographies saisissent notes, tirades ou déclamations. La montagne du Haut Languedoc est rarement avare de divertissements quand les cieux flamboient, quand le tourisme se déploie et quand les humeurs sont plaisantes.
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